La bernache du Canada

Mis à jour le 16/04/2021

Une espèce exotique envahissante...


La bernache du Canada (Brante canadensis) est originaire d'Amérique du Nord. Elle a été introduite à des fins ornementales dès le début du XVIIe siècle en Angleterre, puis à des fins cynégétiques au XXe siècle dans une dizaine d’autres pays d’Europe.

Cette espèce se caractérise par une forte dynamique de croissance de sa population. Elle possède un fort potentiel de reproduction (taux de fécondité élevé, nombre d’œufs importants, taux d’éclosion et survie juvénile élevés) et une grande capacité d’adaptation. Elle connaît ainsi une forte augmentation de ses effectifs au niveau national.

Sa présence a des impacts sur les activités humaines par les dégâts occasionnés aux cultures (par la consommation de graines de céréales ou le piétinement des prairies) ou aux infrastructures de loisirs.

Elle constitue un risque potentiel pour la santé publique avec la possible transmission de maladies (conjonctivite, botulisme) due à la pollution des eaux de baignade.

Sa présence a aussi un impact sur la flore et les espèces autochtones, parfois au détriment d’espèces patrimoniales protégées. Des cas d’hybridation peuvent exister avec l’oie cendrée. Une compétition interspécifique peut d’autre part être observée, due à l’agressivité du mâle en période de nidification. La bernache du Canada figure ainsi en seconde place sur la liste des espèces ayant le plus d’impacts sur le fonctionnement des écosystèmes en Europe.

C’est pourquoi la Belgique dès 2008 et les Pays-Bas ont réalisé des campagnes de prélèvements massifs de cette espèce.

{La bernache du Canada est facilement reconnaissable grâce à ses joues et à sa gorge blanches qui tranchent avec le reste de la tête et du cou entièrement noirs. Les pattes et le bec sont noirs également, à la différence des autres oies grises.
Sa coloration ainsi que sa taille (autour de 1m), son envergure (1,60m à 1,75m) et son poids (en moyenne 5,2kg) en font la plus typée, la plus grande et la plus grosse des oies présentes en Europe.
Elle fréquente les zones humides artificielles ou naturelles (plans d'eau, étangs, rivières calmes, marais), les champs cultivés et les zones à végétation rase.
Elle se nourrit de végétaux (céréales, racines, herbes, baies...), principalement sur la terre ferme.
}

... classée nuisible...

L'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) indiquait en 2011 dans la revue technique et juridique Faune sauvage : « Compte tenu de sa dynamique de population et de la situation actuelle en France, tous les moyens nécessaires pour aboutir à la destruction de cette espèce allochtone doivent être mis en œuvre ; la régulation par la seule technique de stérilisation des œufs ou par le seul prélèvement d’adultes est insuffisante. »

Dès 2012, un plan de maîtrise a été mis en œuvre dans les départements où la bernache du Canada était présente. Une circulaire du 22 mars 2012, relative à la maîtrise des populations de bernache du Canada pour la période 2012-2015, indiquait que, dans les départements où l’espèce n’est pas encore présente, l’objectif était qu’elle ne s’installe pas.

La bernache du Canada a d’autre part été inscrite sur la liste des espèces non indigènes d’animaux classés nuisibles sur l’ensemble du territoire métropolitain par arrêté ministériel dès le 3 avril 2012. Le classement en nuisibles de ces espèces, en nombre très limité, est méthodiquement analysé par le ministère de l’environnement chaque année.

... qui fait l'objet d'une régulation prévue par la réglementation.

L’article L.411-3 du code de l’environnement prévoit l’interdiction de l’introduction dans le milieu naturel volontaire, par négligence ou par imprudence, de tout spécimen d’une espèce animale non indigène au territoire d’introduction et non domestique, dont la liste est fixée par arrêté conjoint du ministre chargé de la protection de la nature et du ministre chargé de l’agriculture.

Dès que la présence dans le milieu naturel de l’une de ces espèces est constatée, l’autorité administrative peut procéder ou faire procéder à la capture, au prélèvement, à la garde ou à la destruction des spécimens de l’espèce introduite.

Un premier arrêté concernant des espèces exotiques envahissantes a été pris le 30 juillet 2010. Il vise notamment la bernache du Canada.

L’arrêté du 28 juin 2016, pris pour l’application de l’article R. 427-6 du code de l’environnement et fixant la liste, les périodes et les modalités de destruction des espèces non indigènes d’animaux classés nuisibles sur l’ensemble du territoire métropolitain, prévoit que : «  La bernache du Canada (Branta canadensis) peut être détruite à tir entre la date de clôture spécifique de la chasse de cette espèce et le 31 mars au plus tard sur autorisation individuelle délivrée par le préfet. Le tir s’effectue à poste fixe matérialisé de main d’homme. Le tir dans les nids est interdit. Le piégeage de la bernache du Canada est interdit sans préjudice de l’application de l’article L. 427-1 du code de l’environnement. »

Autres textes juridiques concernant la bernache du Canada en France :

  • Convention sur la diversité biologique du 22 mai 1992, en vigueur le 29 septembre 1994, qui prévoit dans son article 8-h que chaque partie contractante "empêche d'introduire, contrôle ou éradique les espèces exotiques qui menacent des écosystèmes, des habitats ou des espèces".
  • Recommandation n° 77 (03/12/1999) relative à l'élimination de vertébrés terrestres non indigènes, adoptée par le Comité permanent de la convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne).
  • Recommandation n° 125 (29/11/2007) relative au commerce des espèces exotiques envahissantes et potentiellement envahissantes en Europe, adoptée par le Comité permanent de la convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne).